lido_1485Si les supporteurs de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne n'avaient pas encore assez de raisons de voter pour sa sortie, ils viennent peut être d'en avoir une autre : selon le journaliste Ambrose Evans-Pritchard le projet européen était un plan de la CIA depuis le début.

Dans un article récent paru dans “The Telegraph” commentant le voyage d'Obama au Royaume-Uni pour tenter de convaincre la nation insulaire de voter contre le Brexit, Evans-Pritchard rappelle que “les brexiteurs devraient être préparé à une intervention retentissante des Etats-Unis” puisque “l'UE a toujours été un projet américain.”

Le journaliste déclare qu'en jetant un oeil aux archives historiques, on découvre que “c'est Washington qui a dirigé l'intégration européenne à la fin des années 40” et que Washington “l'a secrètement financé sous les administrations Truman, Eisenhower, Kennedy Johnson et Nixon.”

Contrairement à la croyance populaire qui voit l'intégration européenne comme une menace pour les Etats-Unis, le projet a toujours été considéré comme un “soutien aux intérêts américains dans la région aux côtés de l'OTAN” depuis le début. Evans-Pritchard rapelle que la proposition faite par Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères à l'époque, de créer la Communautée européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) qui a donné le ton de la réconciliation franco-allemande – et conduit par étape jusqu'à la Communautée Européenne – puis ratifié par la Déclaration Schuman en mai 1950, a été élabore par le Secrétaire d'Etat US, Dean Acheson, pendant une réunion à Foggy Bottom, Washington DC.

Et c'est l'administration Truman “qui a forcé les français à trouver un compromis avec l'Allemagne dès la fin de la guerre. En septembre 1950 lors d'une réunion houleuse, ils ont même menacé de couper l'aide du Plan Marshal si les dirigeants français résistaient à trouver un accord.”

Les raisons de Truman à l'époque sont évidentes suggère le journaliste : “les Accords de Yalta avec l'URSS se dégradent” et Truman “veut un front unifié pour dissuader le Kremlin de s'étendre” car la Guerre Froide commence à prendre de l'ampleur.

Quant à Jean Monnet, économiste et diplomate français considéré comme l'un des pères fondateurs de l'UE, il “apparaît (largement) comme l'éminence grise de l'infamie supranationale dans le panthéon fédéraliste” parmi les eurosceptiques britanniques mais “peu sont au courant qu'il a passé une grande partie de sa vie en Amérique et fut les yeux et les oreilles de Franklin Roosevelt.”

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En fait, Charles de Gaulle, opposant à l'Europe supranationale et fervent défenseur de la souveraineté française, “soupconnait Monnet d'être un agent américain, ce qu'il était au sens large.” La biographie de Jean Monnet par l'historien Eric Roussel “révèle comment il a travaillé main dans la main avec les administrations successives.”

Malheureusement, Evans-Pritchard écrit que beaucoup de britanniques et d'européens demeurent ignorants des documents déclassés du Département d'Etat US “révélant que ce sont les renseignements US qui ont financé le mouvement européen pendant des décennies et ont oeuvré sans relâche en coulisse pour pousser les anglais dans ce projet.”

Par exemple, “une note de service daté du 26 juillet 1950 révèle une campagne de promotion d'un parlement européen, signé par Gen William J Donovan, chef du Bureau des Services Stratégiques,  précurseur de la CIA.”

En fait, “la couverture principale de la CIA était le Comité Américain pour une Europe Unie (CAEU), présidé par Donovan. Un autre document montre qu'en 1958, ce comité fournissait 53,5% des fonds des mouvements européens. Y siégeaient Walter Bedell Smith et Allen Dulles, directeurs de la CIA dans les années 50, et d'autres anciens officiers du Bureau des Services Stratégiques.”

Evans-Pritchard ajoute que les archives rapportent que la CIA “traitait certains des “pères fondateurs” de l'UE comme des employés” et même “les empêchait activement de trouver d'autres sources de financement qui aurait brisé cette dépendance à Washington.”

Et en même temps le journaliste note : “Il y a eu d'horribles erreurs de calculs tout du long”, avec “ce memo date du 11 juin 1965 ordonnant au vice-président de la Commnautée Européenne de poursuivre la politique monétaire rapidement, de supprimer tout débat jusqu'à ce que “l'adoption des propositions  soit quasi inévitable”. Ils ont voulu jouer aux plus malins et on le voit aujourd'hui avec le piège de la dette et de la déflation, sans compter le chômage de masse qui sévit dans toute l'Europe du sud.”” Le journaliste rajoute : “Dans un sens, ces papiers sont de l'histoire ancienne. Mais ce qu'ils montrent c'est que les Etats-Unis sont trempés jusqu'au cou” dans ce projet qui s'est maintenant transformé en une Union Européenne de 28 nations.

“Il est vrai que dans les années 80, les américains y ont réfléchi à deux fois quand les idéologies fanatiques prirent le dessus pour faire de l'UE une superpuissance qui pourrait défier et surpasser les USA. John Kornblum, chef des Affaires Européennes au Département d'Etat dans les années 90 dira que c'était un cauchemar d'essayer de négocier avec Bruxelles”, particulièrement sur les questions militaires, de sécurité et de politiques de défense.

En même temps, le journaliste mentionne que le point de vue de Kornblum “est intéressant mais issu d'une minorité dans les cercles politiques américains. La frustration disparaît quand la Pologne et la première vague d'états d'Europe de l'est rejoignent l'UE, apportant toute une troupe de gouvernement atlanticiste.”

“On le sait ce n'est pas vraiment une histoire d'amour. Il y a deux ans, lors de la crise de l'Ukraine, pendant une conversation téléphonique avec Bruxelles, un haut-fonctionnaire US eut ses mots lapidaires “Fuck the EU !” Mais le point de vue général est que l'ordre libéral occidental est sous un triple assaut et que l'UE doit être soutenu.”

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L'Europe comme “champs de bataille” : qui contribue a l'émergence de l'Islam radical

Evans-Pritchard précise que ces trois menaces sont la terreur jihadiste et “la série d'états ratés à travers le Maghreb et le Moyen-Orient.” Ainsi que (ca reste à débattre) la Russie et la Chine qui cherche à intimider et à tester la structure de l'alliance US. En fin de compte dit-il, si le camp du Brexit veut un vrai succés il “devrait commencer à augmenter le budget de la défense du Royaume-Uni jusqu'à 3% du PIB, s'engageant à propulser la Grande Bretagne en tête des puissances militaires européennes” et à “se rapprocher encore plus de la France avec une alliance sur la sécurite. Cela permettrait au moins de démonter les plus gros arguments du Projet Peur.” (Projet Peur est l'argot qui désignent la campagne de ceux qui voulait rester dans l'UE)

Même si l'argument d'Evans-Pritchard  traitant la Russie comme une menace face à une Europe désunie est fortement contestable, les questions qu'il soulève sur l'implication de la CIA dans la création d'un projet européen supranational restent trés pertinentes.

En effet, comment aucun britanniques ou européens qui se respecte, soutiendrait un projet qui a été manigancé de l'autre côté de l'Atlantique dans le seul but de maintenir l'hégémonie de Washington ?

Source : veteranstoday.com :  EU ‘Was a CIA Project from the Beginning’

Traduction par Stephanie pour Stopmensonges.com

 


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math06
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math06
Août 26, 2016 9:37 pm

Pour ceux qui aiment bien les sources, voici l’article du telegraph (daté du 19/9/2000) sur la “note de service du 26 juillet 1950”, rien que le titre c’est du lourd :
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/1356047/Euro-federalists-financed-by-US-spy-chiefs.html