Pour les acteurs du recyclage en France, le coup de frein de l'Asie sur l'importation de déchets est perçu comme une chance.. à certaines conditions.

L’Asie ne veut plus de nos déchets. Faut-il s’en inquiéter ? Allons nous être envahis par les tonnes de papier, de cartons et de plastiques que nous jetons à tour de bras ? Eh bien pas forcément. Si les professionnels du secteur reconnaissent qu’il y a bel et bien une « certaine urgence à agir« , pour eux, la situation représente surtout l’opportunité de structurer enfin une filière complète du recyclage en France. Une aubaine qui profiterait aussi bien à l’environnement qu’à l'emploi. Les explications de Philippe Maillard, président de la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade).

Philippe Maillard, president de la Federation Nationale des Activites de la Depollution et de l’Environnement.

On l’ignore souvent, mais une partie des déchets que l’on trie soigneusement dans nos poubelles sont ensuite expédiés à des milliers de kilomètres de chez nous. Rien qu’en 2018, la France a exporté 400 000 tonnes de plastique et 2,5 millions de tonnes de papier/carton.

Seulement voilà, la Chine, la Malaisie et l’Inde ont décidé de réduire drastiquement l’importation de déchets et, bientôt, ce sera au tour de la Thaïlande et du Vietnam. Pourquoi ? « Parce qu’ils veulent Structurer leur propre filière de recyclage et utiliser leurs propres déchets pour développer leur industrie », répond Philippe Maillard.

Mais alors, pourquoi est-ce que nous ne les imiterions pas ? Le président de la Fnade (et directeur général de Suez) est convaincu que c’est le chemin à suivre, que nous avons tout intérêt, nous aussi, à prendre en charge nos propres déchets et qu’il ne faut pas laisser passer cette occasion.

« On a aujourd’hui, dans la filière environnement, des industriels de la gestion des déchets qui sont parmi les meilleurs au monde. On a des compétences, on a des capacités, on a des expertises qui sont avérées, quelle que soit la taille des entreprises. Développer cette industrie du recyclage en France est une opportunité extrêmement importante. Mieux vaut que la création de valeur ajoutée ait lieu dans notre pays plutôt qu’elle ait lieu ailleurs, avec les emplois complémentaires associés. C’est une vraie opportunité. Une formidable chance à saisir collectivement. »

 
Photo : Shutterstock

Pour autant, savoir-faire et compétences ne suffiront pas. Pour absorber la masse de déchets à traiter, il faudra aussi ajouter à cela un minimum de volonté politique… et d’argent. D’où les discussions engagées entre les acteurs du recyclage et les autorités. Philippe Maillard :

« La France est-elle préparée ? La réponse est oui. Toutes les conditions sont-elles réunies ? Pas complètement. Ça fait partie des discussions que l’on a avec les pouvoirs publics et le gouvernement, notamment dans le cadre de la préparation du projet de loi sur l’économie circulaire. C’est 4,5 milliards d’euros d’investissement à faire dans les 5 à 10 années qui viennent. »

4,5 milliards d’euros ? Une somme importante… à l’image des enjeux dont il est ici question. Enjeux environnementaux, cela va de soi (mieux vaut traiter et recycler nos déchets à la source plutôt que de leur faire traverser les mers et les continents) mais aussi enjeux économiques, avec ce que cela représente en termes d'emploi.

« Développer des unités industrielles, c’est évidemment de l'emploi complémentaire. on n’a pas de chiffrage précis mais on peut imaginer quelques milliers d'emplois complémentaires par le développement d’une filière complète. »

 
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Reste maintenant à aller vite. À ce sujet, Philippe Maillard se dit « raisonnablement confiant« … mais espère un rapide coup d’accélérateur.

« J’ai tendance à dire que chaque jour ou chaque mois qui passe où les décisions ne sont pas prises, c’est un retard qui rend la situation problématique. D’un point de vue de prise de décision et de visibilité, il y a une certaine urgence à agir. »

Parallèlement, Philippe Maillard insiste également sur la nécessité d’encourager l’utilisation de matériaux recyclés dans l’industrie et sur la nécessité de diminuer la production de déchets (notamment du côté des emballages superflus).

Produire moins de déchets, en recycler davantage et développer cette activité sur place. Voici l’enjeu du moment, voici l’opportunité à saisir.

Source : https://positivr.fr/filiere-recyclage-dechets-france-philippe-maillard/?utm_source=POSITIVR&utm_campaign=e9b8ccec48-RSS_NEWSLETTER_QUOTIDIENNE&utm_medium=email&utm_term=0_6404d9f752-e9b8ccec48-20419191&mc_cid=e9b8ccec48&mc_eid=07a3f8b5b1


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1 Commentaire
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ymdougoud
Membre
ymdougoud
Mai 17, 2019 9:18 am

Un bon eveil pour tous merci Laurent . Pas en cacheton de farine avec l’absolution a la fin avec les tryan-saints-a-sauces @Colo-tic et @Clima-fric @Environ-Ment ?Maintenant ce n’est pas seulement le “produit qui est jettable , mais cette creature et SA PLANETE mais QUELLE AUBAINE !!!! il faut RENTABILISER CETTE… Lire la suite »