80 paysans de l'est du Cambodge assignent le groupe Bolloré en justice, demandant la restitution de leurs terres ainsi que des dommages et intérêts.

C’est un remake du mythique combat de David contre Goliath qui s’est joué mardi 1er octobre au tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine). Une dizaine de paysans venus du Cambodge poursuivent le groupe Bolloré pour avoir détruit leur forêt sacrée.

« Cette société est venue investir dans mon village mais ils n’ont pas respecté la loi. Ils n’ont pas obtenu le consensus du village. Je demande qu’on me rende ma terre », a confié Soang Prou, l’une des plaignantes à l’AFP. Elle fait partie du groupe de neuf Cambodgiens venus représenter les intérêts des quatre-vingts paysans Bunongs qui accusent le groupe Bolloré d’avoir saccagé leur forêt du Mondol Kiri, à l’est du pays.

« Il y a des années, la forêt et les animaux sauvages suffisaient à notre quotidien. Quand la compagnie est arrivée, nous avons perdu notre terre et notre culture », expliquait Tola Kroeung au Parisien la veille de l’audience. Entre colère et incompréhension, les plaignants qui ont fait le déplacement ont rappelé qu’il venaient réclamer « justice pour (leurs) familles » et qu’il espéraient « que la justice française soit plus indépendante » que chez eux, où leurs plaintes sont restées sans suite.

Photo : Shutterstock

Le Parisien décrit également les larmes de Phoul Klang, un des plaignants qui raconte « Paris est grand et les gens d’ici ont une meilleure vie. Pourquoi la Socfin est-elle venue dans mon village détruire notre terre ? »

En effet, à partir de 2007, Socfin-KDC, l’entité du groupe Bolloré qu’ils accusent de s’être accaparée illégalement 7 000 hectares de forêt avec l’aide du gouvernement cambodgien, lance un grand programme de plantation d’hévéas, les arbres à caoutchouc. Sur ces terres ancestrales, l’écosystème local est désormais totalement bouleversé, laissant les paysans de la région démunis face à des multinationales implantée à des milliers de kilomètres de là.

En 2015, une cinquantaine de plaignants lance une première action en justice. Désormais, ils sont 80 à réclamer que leur soient rendues leurs terres, et à exiger des dommages et intérêts. « C’est le pot de terre contre le pot de fer », explique leur avocat Me Fedor Rilov à BFMTV : « Ce sont les premiers dans l’histoire de la justice française à avoir eu l’audace de saisir un tribunal français pour dénoncer ce qui leur arrive à des milliers de kilomètres de Paris. »

Pour l’avocat, tout l’enjeu est de « démontrer que Bolloré était le véritable décideur ». En effet, selon lui, Terres Rouges Consultant, une société liquidée en 2012 et installée dans la tour Bolloré, « gérait depuis Puteaux les plantations du Cambodge ». Le groupe, actionnaire à 39% de la Socfin-KDC, nie quant à lui toute responsabilité.

Pour l’heure, pas de jugement, mais un symbole très fort avec la venue de ces neuf paysans cambodgiens spoliés. Affaire à suivre !

Source : https://positivr.fr/cambodge-80-paysans-attaquent-bollore-pour-sauver-leur-foret


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